C’est l’été et les rails reposent vides
dans les rues, fils d’Ariane le long desquels
tu pénétrais ou quittais ce dédale pendant
toutes ces années, histoire désormais
écrite dans les virages et les aiguilles
tramway de la mort[1] vers l’est
mais après artère vitale pour l’horizon
ciel azuré au-dessus de l’Amstel
une piscine, une ville soudain rajeunie
toujours je revois passer par là en filigrane
ses voitures, leurs métamorphoses
d’abord bleues et anguleuses
plus tard des formes plus rondes
puis ces aspirateurs chromés suivis
de ferryboats aux roues invisibles
sur des tapis d’herbe vers une profondeur
d’asphalte ondulante et une rue étroite comme
une chambre juste avant le terminus
talus avec abris, presque du modélisme
jouets de mercredis après-midi
emportés par la pluie et le vent
ligne fantôme enfin aux dernières heures
du jour aussi déserte que les avenues
et les carrefours, plaines et abîmes où
elle n’eut d’autre choix que de se fondre
inoubliable dans la nuit
PG
[1] Pendant l’occupation nazie, la ligne 25 a fait partie de celles servant à déporter les Juifs du Quartier Sud d’Amsterdam.